RANAVALONA III
🇲🇬 HISTOIRE de Madagascar
LA PERSONNALITÉ De LA REINE RANAVALONA III 1883 ➡️ 1897
Elle porte la grand’croix de l’ordre royal de Madagascar. Sur le guéridon est posée sa couronne aux sept fers de lance, attributs de la royauté malagasy. Mélancolique et effacée, elle incarne l’excellente éducation chrétienne.
LA PERSONNALITE ATTACHANTE DE RANAVALONA III, LA DERNIERE REINE DE MADAGASCAR
Ranavalona III, la dernière reine de Madagascar ne laisse personne indifférente, ni à Madagascar ni ailleurs, en particulier en France.
C’est que, sous des traits doux et animée d’une personnalité attachante et à bien des égards exquise, la dernière souveraine malagasy, nullement préparée aux affaires publiques, se trouvait bien malgré elle tenaillée dans les affres de si tragiques évènements tant internes qu’externes, par lesquels cheminaient par fissures successives et profondes sa vie et la destinée de Madagascar et des Malagasy.
Nous n’abordons pas ici les évènements qui ont émaillé son règne, ceux-ci étant relatés et évalués dans notre article intitulé « Réformateurs et modernisateurs de Madagascar, 9ème et 10ème parties » datés des 16 et 17 oct. 2013 (cliquer sur la rubrique « Archives » puis à « Octobre 2013 »).
Nous nous concentrons ici uniquement sur la personnalité de la princesse Razafindrahety devenue Ranavalona III.
UNE EXCELLENTE EDUCATION CHRETIENNE
Au départ, Razafindrahety était sous la protection très affectueusement de sa tante, la très chrétienne reine Ranavalona II qui fit, avec son Premier ministre et non moins époux Rainilaiarivony, de la religion protestante une religion d’Etat.
La jeune princesse reçut donc, comme toutes les autres princesses de la famille royale, une bonne éducation chrétienne. Ainsi Razafindrahety fut-elle baptisée le 5 avril 1874 par le pasteur Rainimalanjoana.
Toute cette jeunesse royale, insouciante et gaie, fréquentait la grande école située à Ambodin’Andohalo au nord du Rova, sous la direction de la très stricte Miss Bliss, une gouvernante dévouée bien dans la tradition britannique. Toutes ces écolières recevaient les mêmes leçons, puisées dans la morale évangélique, destinées à les éclairer sur leurs devoirs d’épouses et de mères chrétiennes et à leur donner le moyen de les accomplir.
Cependant en classe, Razafindrahety et ses petites camarades princesses comme elle, aveint leurs places spéciales, sur une sorte de tribune. Le chant prenait une grande place dans l’enseignement, et de beaux chœurs à quatre voix s’élevaient au moins deux fois par jour pour s’entendre au loin.
Pour parfaire l’éducation de ces jeunes filles, des séjours fréquents étaient organisés chez Madame Sibree, l’épouse de l’architecte et savant anglais qui fut choisi pour construire les temples commémoratifs devant marquer à jamais l’enracinement de la chrétienté à Madagascar après les dramatiques persécutions du règne de Ranavalona 1ère (voir sur ce même blog l’article « Réformateurs et modernisateurs de Madagascar, 4e et 5e parties », cliquer sur la rubrique « Archives, puis à « octobre 2013 »).
La grande distinction de cette dame Sibree, son équilibre moral et familial, ses studieuses habitudes et son ordre domestique la destinaient particulièrement à servir d’exemple pour les princesses royales malagasy.
UN DESTIN INATTENDU, INCERTAIN ET FRUSTRATOIRE
Et dans ce milieu quelque peu compassé et strict, Razafindrahety se distinguait par son étourderie et ses rêvasseries. Elle était peut-être la dernière qu’on put se représenter revêtue de la majesté royale.
Et pourtant, c’est elle qui fut choisie, de préférence à sa sœur aînée Rasendranoro, forte fille peu favorisée par la nature, pour succéder à Ranavalona II comme Reine de Madagascar sous le nom de Ranavalona III.
A 20 ans, Razafindrahety avait toute la grâce de la jeunesse, le teint clair sur une peau douce, les yeux d’un noir limpide, la physionomie mobile, les attaches fines, le tout sur un corps de taille moyenne cependant très favorablement proportionné.
En mai 1883, peu avant son accession au trône de Madagascar, les intrigues se nouaient déjà , et rapidement, autour de la jeune princesse Razafindrahety, tôt pressentie par les yeux gourmands du Premier ministre, l’omnipotent et puissant Rainilaiarivony, qui bien que n’étant point prince ni prince consort puisque de condition roturière, se cherchait prestement une autre épouse, jeune de préférence, pour succéder à une Ranavalona II sur la fin de sa vie, mais aussi pour s’assurer, espère-t-il en secret, une descendance mâle…
L’accomplissement de ce dessein s’aide d’une « nécessité » qui n’a sans doute ainsi rien à voir avec le hasard.
Car, par coïncidence le mari de la princesse Razafindrahety, le nommé prince Ratrimo, meurt, paraît-il emporté par une maladie, cependant au diagnostic incertain.
Immédiatement, la raison d’Etat inspira au Premier ministre Rainilaiarivony sa décision d’épouser la jeune princesse Razafindrahety, ce même au grand mécontentement de la cour et du peuple, qui tous voyaient dans cette alliance « déséquilibrée » entre une jeune femme d’à peine sortie du début de ses 20 ans et un vieil homme de plus de 60 ans une obscure manœuvre politique…pour ne pas dire plus.
Mais, Rainilaiarivony fonce, plein de certitude, de suffisance, convaincu d’agir ex professo pour le bien des siens d’abord et de Madagascar ensuite, bien ancré dans sa ferrure. Mais quant à elle, voici Razafindrahety prise au piège, mais en désespoir de cause personnelle, se peut-il qu’elle veuille alors se poser en garante de la continuité dynastique ?
Le 13 juillet 1883 elle accède au trône de Madagascar sous le nom de règne de Ranavalona III.
Quant à son couronnement, le Premier ministre Rainilaiarivony en fixe la date pour « sa » reine au jour anniversaire de la jeune souveraine, le 22 novembre 1883. Ce sera également à cette date du 22 novembre qu’est fixée la Fête du Bain, rite de bénédiction royale, de purification et d’actions de grâce.
Elle n’a que 22 ans.
Les cérémonies du couronnement se déroulent avec la pompe et la solennité habituelles autour de la pierre levée sacrée d’Andohalo. La jeunesse des écoles prend part à la grande parade : tandis que 400 garçons armés de fusils font des démonstrations guerrières dans une chorégraphie strictement réglée, 400 filles défilent, abondamment fleuries.
la couronne de Ranavalona III aux sept fers de lance (représentant les sept maisons princières et royales de Madagascar), surmontée du Voromahery (aigle royal).
RANAVALONA la belle
Ranavalona, la belle. Elle comptait parmi ses visiteurs de marque Ă©trangers de nombreux admirateurs.
LE MAINTIEN D’UNE FEMME
Les apparences sont sauves, et Ranavalona III tient son rôle avec dignité et perfection, mais à l’intérieur le ver travaille et ce sont les piliers de l’édifice qui petit à petit pourrissent.
Deux faits, alors insignifiants mais qui tiennent lieu de présages dans leur interprétation plus tard, sont relevés lors même du couronnement de Ranavalona III.
Tout d’abord, dans sa proclamation, sans aucun doute inspirée par son époux de Premier ministre, Ranavalona III déclare :
« Je ne cèderai jamais aux Français la moindre parcelle du sol malgache, non !, même pas pour y planter un grain de riz ! »
Paroles vaines dont le caractère incantatoire prend un relief particulier face aux périls du moment, et d’ailleurs bientôt démenties par les graves évènements de cette guerre larvée avec la France dont la désastreuse gestion incombe exclusivement au seul Rainilaiarivony (sur les faits saillants, voir sur ce même blog les articles « Réformateurs et modernisateurs de Madagascar, 9ème et 10ème parties » – cliquer sur la rubrique « Archives », puis à « Octobre 2013 »).
Ensuite, après avoir posé le pied sur le roc sacré en remontant sur l’estrade royale, Ranavalona III laisse malencontreusement glisser sa lourde couronne, laquelle tombe et roule à terre ! L’émoi de tout un peuple, dont les annales se gardent bien d’en relater la réalité, se fait sentir. Ce fut là , sans doute, une malheureusement illustration de l’étourderie dont la jeune princesse devenue adulte n’avait pu se débarrasser…
Mais, les évènements ultérieurs, ceux de la déchéance d’une reine qui ne le méritait nullement, donnent rétrospectivement et assurément à ce fait une signification particulière.
La délitescence du royaume s’annonce-t-elle ainsi avec prématurité ?
Ce n’est pourtant pas du fait personnel de Ranavalona III qui, au contraire et malgré les malencontreuses occurrences relevées plus haut, a une conduite morale et spirituelle exemplaire. Par contre, le ver, encore lui, travaille de façon insidieuse son art destructeur…
Il est alimenté par les intempérances, les turpitudes, les mesquineries et les indécrottables défauts et fautes de gouvernance d’un Rainilaiarivony
Or, Ranavalona III avait acquis de ses nombreux contacts avec les dames européennes les plus distinguées une science de l’harmonie et des élégances discrètes, que ses propres prédispositions et penchants lui inspiraient déjà .
Cela se voyait notamment au Palais « Manampisoa » au Rova d’Antananarivo dans le petit salon Louis XV, aux sièges légers, frais, coquets, recouverts de soie blanche brodée de bouquets de myosotis et s’ouvrant sur une claire véranda vitrée. On y remarquait aussi une belle table de boule aux cuivres étincelants, un tapis d’Arras et un lustre de Venise.
Ranavalona III s’habillait comme une vraie parisienne. Dans ses réceptions intimes, son époux, son Premier ministre, se tenait debout à côté du fauteuil royal. Il répondait généralement lui-même, à sa façon facile, poétique parfois, imagée souvent, aux salutations, compliments et hommages adressés à la Reine.
Bref, notre dernière Reine était issue de la meilleure école qui soit. Ses condisciples étaient généralement intelligents, travailleurs et doués d’un caractère sûr. Les meilleurs d’entre eux furent envoyés dans les universités européennes où ils purent compléter une formation débutée à Madagascar même. Ainsi de Randrianaly, qui épousa par la suite la princesse Rasendranoro, sœur de la reine Ranavalona III, et de Rajaonah, qui devint le gendre du Premier ministre.
L’un et l’autre suivirent de brillantes études médicales à l’université d’Edimbourg. D’autres allèrent à Londres, ou à Stavanger en Norvège, approfondir des études de théologie ou prendre des grades universitaires. Car, à cette époque-là , étant donné les très mauvaises relations que Madagascar entretenait avec la France, il ne fut pas question d’y envoyer des étudiants.
Cependant paradoxalement, c’était la France elle-même qui vouait à la personne de Ranavalona III une considération certaine. A titre d’exemple, pour le couronnement de Ranavalona III le Président français Sadi Carnot lui offrit un magnifique diadème de cérémonie garni de brillants et dont le centre est formé par un médaillon émaillé représentant la couronne et les armes royales, le tout surmonté d’un piquet d’aigrette blanche.
En plus, le même président de la République française avait offert à Ranavalona III : une tournure en satin rouge avec traîne dite « la balayeuse », également brodée de couronnes en fines perles, réalisée par la Maison Lemoine ; une ombrelle de cérémonie en dentelle de Chantilly rouge au manche en ivoire incrusté du chiffre en or de Ranavalona III ; etc… !
Et certes, dès 1885 et en vertu du traité de paix franco-malagasy du 17 décembre 1885 qui établissait à Madagascar un régime conduisant inexorablement à un protectorat avec la cession de Diego-Suarez à la France et le paiement d’une somme substantielle à tire d’indemnité en dédommagement de la confiscation des biens de Jean Laborde et de quelques autres Français, un drapeau tricolore malagasy correspondant fut créé mais portant le chiffre royal « R.M Ranavalona-Manjaka » (« Ranavalona Reine »).
A ceci s’ajoute que le 20 novembre 1888, la reine Ranavalona III reçut la dignité de Grand’Croix de l’Ordre de la Légion d’Honneur avec le grand cordon correspondant. A une telle très haute considération est venu en juste retour l’octroi en mars 1896 au Président de la République française Sadi Carnot de la dignité de Grand’Croix de l’Ordre Royal de Madagascar que la reine Ranavalona III venait de créer début de cette même année-là ! (cf. sur ce même blog notre article du 15 mars 2014 intitulé « Ordres royaux de Madagascar »).
Elégante entre toutes, la dernière reine de Madagascar commandait ses toilettes principalement en France et les personnalités européennes qui avaient le privilège de lui rendre visite s’accordaient tous à reconnaître sa grande distinction.
C’est ainsi qu’en 1895, au sortir d’une audience, le général Metzinger, le vainqueur de la campagne d’Antananarivo avec ses éléments avancés, écrivait : « La reine, elle, se contentait de s’habiller bien, de faire venir ses toilettes de Paris, des maisons Worth ou Doucet ».
DE FISSURES EN LEZARDES, ET FACE A LA DELITESCENCE DU ROYAUME, LA REINE OPPOSE SA DIGNITE
En fait, dès le début janvier 1886 c’est une France en qualité de tutrice de la nation malagasy qui enserre tout le pays dans ses griffes, avec un Rainilaiarivony dépassé par les évènements ; une situation cautionnée par la grande rivale Angleterre en 1890, cette même année où face à l’insécurité générale qui règne dans la capitale royale, même les projets architecturaux placés sous la maîtrise d’œuvre de l’architecte français Rigaud sont ajournés, cas notamment du Palais « Masoandro » cher à Ranavalona III, resté en l’état de fondations.
Finalement, protestant contre le refus du gouvernement malagasy de signer un autre traité établissant un protectorat pur et simple sur Madagascar, le Résident général français quitte Antananarivo en amenant le drapeau français en octobre 1894.
Les actes guerriers s’accélèrent donc, et les désastreux développements des opérations militaires voient s’égrener et s’afficher les fatales erreurs stratégiques de Rainilaiarivony, les défauts tactiques des généraux et le manque de combativité des soldats (cf. « Réformateurs et modernisateurs de Madagascar , 9ème et 10ème parties »).
Devant les reculades et défaites successives de ses armées face au corps expéditionnaire français dont les éléments avancés approchent dangereusement la capitale royale, la reine Ranavalona III ne peut alors s’empêcher de fondre en larmes tout en s’écriant : « C’en est fait, mon royaume est déchiré !».
Le Premier ministre Rainilaiarivony est aux abonnés absents tout en refusant que le prince Ramahatra, généralissime auréolé de victoires passées, prenne le haut commandement de ce qui reste d’armées royales pour opposer à l’ennemi la résistance et le sursaut.
Car, il estime qu’en cas de réussite ce prince-général en profite pour le supplanter à la tête du gouvernement…
Dès lors, le Rova lui-même est maintenant sous le feu nourri des canons français. Mais, la reine reste lucide et prend les choses en main.
Pour Ă©viter le massacre de son peuple, Ă 15h30 de ce 30 septembre 1895 elle fait hisser le drapeau blanc sur le palais Manjakamiadana et amener le pavillon royal.
armée royale
L’armée royale à la manoeuvre. Cette armée d’environ 45.000 hommes ne comptait que quelques milliers de soldats valeureux, spécialement affectés à l’artillerie et à la garde du Palais royal. Elle n’a pas pesé lourd devant les 18.000 hommes de la force expéditionnaire française commandée par le général Duschesne. (Photo tirée de l’ouvrage « Colline sacrée des souverains de Madagascar, le Rova d’Antananarivo », de Suzanne Razafy-Andriamihaingo, L’Harmattan, 1989.
Fin certes sans gloire, mais des vies humaines et le patrimoine sont saufs. Le général Duchesne, commandant du corps expéditionnaire français, présente à la reine Ranavalona III un traité établissant formellement le protectorat français à Madagascar.
Rainilaiarivony est démis de ses fonctions et est remplacé par Rainitsimbazafy.
Aussitôt, se soulève la révolte des patriotes, lesquels se constituent en légion armée : les « Menalamba » (« ceux à l’étoffe rouge »).
La reine Ranavalona III est, tout naturellement, leur figure de proue, mais tant par souci d’apaisement que fidèle à ses références chrétiennes, celle-ci se garde d’attiser le feu bien que son cœur, son esprit et son âme souffrent terriblement de la grande peine des siens. Son devoir est, par ailleurs, de maintenir debout l’ossature d’un royaume certes en danger mais qui doit demeurer debout.
Ranavalona III reste donc Reine, protectrice des Malagasy, personnification de l’identité collective, rempart de l’héritage civilisationnel, à qui, autant par égard que par déférence, le résident-général français remet au nom du Président de la République française et de son gouvernement un magnifique et imposant collier de diamants.
Et ce, malgré qu’une loi du 6 août 1896 proclame « colonie française l’île de Madagascar avec les îles qui en dépendent » ; ce, malgré que la France envoie comme nouveau résident-général le général Gallieni, le « pacificateur » annoncé de Madagascar, à qui d’ailleurs non sans grandeur et dignité la reine Ranavalona III réserve le 29 septembre 1896 à ce fameux général, qu’elle qualifiera plus tard de « masika » (« méchant »), une réception solennelle au Palais Manjakamiadana sous les apparats des grands jours et la résonance d’une salve de vingt et un coups de canon ; ce malgré que la cour et le commun des sujets de la reine soient dans la torpeur de lendemains de braise ; et ce malgré …
cérémonie du fandroana
Le général Duschesne et ses officiers sont aspergés, par la grâce de la reine Ranavalona III, des eaux bénites du rituel du fandroana (cérémonie du bain) au Palais Manjakamiadana du Rova. Dessin de Bombled. (Photo tirée de l’ouvrage « Colline sacrée des souverains de Madagascar », de Suzanne Razafy-Andriamihaingo, L’Harmattan, 1989.
Car, la dure réalité des choses, le cours de l’histoire, eux, répandent leurs mauvaises coulées.
Ce d’autant plus que Ranavalona III n’a pas le caractère énergique d’une Ranavalona 1ère, et elle ne connaît rien de la politique ni ne veut s’adonner à un quelconque dessein patriotique de résistance.
D’ailleurs, elle n’a jamais eu de prise sur le pouvoir, et n’a pas non plus l’aura ni le charisme ou la dimension de ses aïeux.
La torpeur de la cour comme celle de la population grandissent à mesure que l’anarchie gagne le pays et que les Français font tout pour s’assurer l’engagement à leurs côtés de chefs et populations des régions côtières dont la cause première est de mettre à bas la domination merina.
Et comble d’outrance, la reine Ranavalona III apprend sans pouvoir réagir l’exécution par les armes le 15 octobre 1896 de son oncle, le prince Ratsimamanga, et de Rainandriamampandry, celui qui représente le pouvoir oligarchique tuteur de la monarchie, tous deux étant perçus par Gallieni comme étant l’âme même des troubles fomentés par les « Menalamba ».
Gallieni, le général « masika » voudrait-il alors ne laisser à la reine Ranavalona III, celle qu’il s’ingéniait pourtant à vouloir respecter il y a peu, que d’horribles oripeaux qu’il ne se serait pas conduit autrement à travers les terribles actes qui vont suivre :
. le samedi 27 février 1897 à 20 heures, dans le salon de sa demeure « Tsarahafatra » au Rova, la reine Ranavalona III apprend soudainement sa déchéance par la bouche de Rasanjy, nouveau ministre de l’Intérieur d’un gouvernement inféodé à la France, lequel est accompagné du commandant Gérard, envoyé de Galliéni ;
. le lendemain 28 février, à une heure du matin, la reine est contrainte de partir en exil à la Réunion, escortée de soldats, du sous-lieutenant Durand et de Razafindrazaka, l’un de ses douze gardes ;
. le même jour, Galliéni prend un arrêté abolissant la monarchie malagasy ;
. le lendemain, c’est au tour de la princesse Rasendranoro, sœur de la reine Ranavalona III, et de sa fille Razafinandriamanitra, de quitter Antananarivo sous la conduite de Ramanankirahina, officier du Palais, pour rejoindre la reine Ranavalona III dans son exil.
On peut aisément imaginer le désarroi d’une reine ainsi traitée, mais aussi celui de tout un peuple ainsi humilié.
L’isolement de la reine Ranavalona III, entièrement abandonnée à sa douleur, a quelque chose de pathétique quand on sait par ailleurs que c’est de chagrin qu’elle mourut à Alger en 1917 à l’âge de 56 ans seulement.
BY
Jean-Pierre Razafy-ANDRIAMIHAINGO
- Le texte de cet article s’inspire largement des écrits de notre très regrettée mère, Suzanne Razafy-Andriamihaingo, auteure de l’ouvrage de référence « Colline sacrée des souverains de Madagascar, le Rova d’Antananarivo », L’Harmattan, 1989, d’où sont tirées également les photographies d’illustration, elles mêmes provenant de son fonds d’archives personnelles.