Biographie
Vernier, Frédéric
1868-1951
Protestant
Madagascar
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Frédéric Vernier naquit le 23 juillet 1868 à Tahiti où son père, le pasteur Jean-Frédéric Vernier, était missionnaire de la Mission Évangélique de Paris. Envoyé en France à l’âge de huit ans sur un voilier passant par le Cap Horn, il fit ses études classiques au lycée de Tournon, puis ses études théologiques, à la Faculté de Montauban. Il y montra des goûts particuliers pour la philosophie et de telles dispositions pour les langues anciennes, spécialement l’hébreu, que son professeur voulait le préparer en vue de sa succession.
Après un séjour en Ecosse, il fut nommé pasteur à Étoile dans la Drôme et c’est pendant cette période qu’il se lia intimement avec le pasteur Tommy Fallot, fondateur de la “Ligue pour le relèvement de la moralité publique” et l’initiateur du “Christianisme social” en France.
A la suite de l’émotion causée dans le protestantisme français par la mort des pasteurs B. Escande et P. Minault, tués par des dissidents à Ambatondradama (Madagascar) le 27 mai 1897, Frédéric Vernier s’offre à la Société des Missions Évangéliques de Paris et il est aussitôt envoyé dans la Grande Ile.
Arrivé le 17 octobre 1897 à Tananarive, il sert d’abord comme missionnaire de district à Fihaonana dans le Vonizongo, à 60 km au nord de la capitale. Élu par ses collègues président de la Mission Protestante Française (M.P.F.), il exerce ces fonctions de décembre 1898 à décembre 1900. Il est aussi chargé de la desserte de la paroisse de langue française et de diverses aumôneries. Il a surtout le rôle extrêmement délicat de représenter et de défendre devant les autorités françaises de l’époque, essentiellement le Général Galliéni et le Lieutenant-Colonel Lyautey, le Protestantisme, tant les églises et les communautés malgaches fondées par la London Missionary Society depuis trois-quarts de siècle, que les Missions protestantes étrangères (britanniques, norvégiennes, américaines) qui se dévouaient dans l’île depuis qu’elles avaient été autorisées à le faire par le Gouvernement Mérina.
Très fortement impaludé, Frédéric Vernier bénéficie d’un congé réparateur à Tahiti de mai 1901 à avril 1902. En avril 1903, il se marie à Nimes avec Madeleine Merle-Bianquis et dès juin 1903, il retourne avec elle à Madagascar. Il est alors chargé de créer l’École Pastorale d’Ambatomanga (District de Manjakandriana). Il en assumera la direction pendant 25 ans, formant les pasteurs malgaches qui vont servir Dieu en annonçant l’Évangile sous la tutelle de la M.P.F.
Il revient, en octobre 1928, définitivement en France où il meurt le 2 novembre 1951 à Sanary-sur-Mer (Var).
L’œuvre de Frédéric Vernier est surtout théologique et pastorale.
Sa nomination par le Général Galliéni comme l’un des douze membres titulaires de l’Académie Malgache lors de sa création le 23 janvier 1902, est essentiellement due à la connaissance qu’il avait déjà acquise de la langue et de la mentalité malgaches.
Il profite du séjour de repos qu’il fit à Tahiti en 1901-1902 pour comparer les langues malgaches et tahitienne, et écrivit un article intitulé: Hovas et maoris, étude comparée de philologie et d’ethnographie (Bulletin de l’Académie Malgache, nº 2, 1902, p. 80-82).
L’œuvre didactique de Frédéric Vernier est entièrement écrite en un malgache très classique. Les manuscrits de ses cours professés de 1903 à 1928 à l’École Pastorale d’Ambatomanga sont déposés aux archives de la Bibliothèque du “Département Français d’Action Apostolique” 102, Bd. Arago à Paris.
Il faut enfin signaler un aspect inconnu de la personnalité de Frédéric Vernier, c’est son goût pour la poésie. Il a écrit un grand nombre de sonnets, inspirés par Madagascar, la Polynésie, par les écrits bibliques. Un recueil de ces sonnets a été publié en 1943, en édition hors commerce, sous le titre Lumières, et dont nous donnons ci-dessous un échantillon:
Antananarivo, sangan’Imerina
Tananarive, crête de l’Imerina
Comme une crête rouge, érigeant souveraine,
Tous ses bords découpés rangés dans le ciel clair,
Assise sur son roc, Tananarive a l’air
De poignarder le ciel du Palais de la Reine.
Les rizières, en bas, l’acclament: “Sois sereine!
Pendant que de ton front tu braveras l’éclair.
Nous serons à tes pieds un tapis hors de pair,
Et nos épis mouvants te feront une traîne”.
Et plus loin le troupeau des côteaux entassés
L’entoure, regardant cette arête hautaine
Qui se détache seule au milieu de la plaine.
Mais le soleil surtout aime ses toits pressés,
Car c’est vu de là-haut qu’il descend avec gloire
Dans tous ses couchants d’or, d’améthyste et de moire.
Jacques Vernier, L. Molet
Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 3, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.